Caractère international de la télévision


"Et vous! À quel souvenir associez-vous votre prise de conscience du caractère international (ou "universel?") des médias? La télévision, la radio, l'internet?"



Personnellement, j’ai eu un grand plaisir de lire le texte de Bernard Derôme intitulé « une télévision à notre image ». Un texte à travers lequel j’ai pu effectuer un retour dans mon enfance pour me rappeler et revivre des moments extraordinaires, vécus au Maroc, pays du tiers monde. C’était en 1976 que mon papa nous avait acheté et pour la première fois, notre premier poste de télévision de marque « NEC ». Nous  l’avons placé en plein milieu du grand salon parce que c’était quelque chose de luxe que nous venions d’avoir dans notre foyer. Au dessous de ce poste magique, nous avions toujours gardé notre unique et adorable poste de radio qui marchait avec six batteries de couleurs bleue.


Étant donné que nous ne pouvions regarder qu’une seule fois par jour, la chaine nationale « TVM » (Télévision marocaine), car elle commençait la diffusion de ses programmes à partir de 18h30 et les achevait à 23h00, l’aimable poste de radio nous accompagnait pendant toute la journée et c’est grâce à lui que nous avions toujours pu garder contact avec ce qui se passe dans le monde externe.

Il est clair que dans un pays en voie de développement et à cette époque d’après colonialisme (1912-1956), les niveaux d’achat et de vie des citoyens étaient très bas de telle façon à ce que rares sont ceux qui pouvaient se procurer d’un poste de télévision. La radio quant à elle, était répandue et tout le monde presque avait un poste chez lui. À cette époque là, c’était le seul moyen d’être en contact avec ce monde externe qui connaissait des changements radicaux et des bouleversements sur tous les niveaux. Les citoyens marocains et avec toutes leurs catégories, s’intéressaient aux informations reliées à l’actualité politique. Ils écoutaient beaucoup plus les discours politiques et dialogues diffusés via des tribunes radiophoniques. Ce n’était pas pour rien, mais c’etait parce que l’esprit nationaliste régnait à cette époque là et la question de l’indépendance du Maroc était le seul et l’unique souci quotidien de tous. Le degré d’attachement au poste de la radio qui accompagnait chaque personne jusqu’au point où ils sont devenus inséparables, était élevé et incroyable.

Dans les foyers, ce sont plutôt des postes de radio dont le format était beaucoup plus grand. Mon père me racontait que c’était interdit d’avoir un poste de radio à l’époque du colonialisme, car le colon français voulait couper tout contact et toute communication pouvant nuire à « la stabilité du pays ». D’une part, entre le Roi exilé à Madagascar et son peuple qui continuait à combattre pour l’indépendance du royaume et d’autre part, entre les citoyens et les courants nationalistes dont le but était purement politique.

Nous habitions à cette époque là en plein centre d’un quartier de bidonvilles. Nous étions les premiers à avoir un poste aussi magique qu’on l’imaginait. En effet, mon père était un employé à la mairie de la ville et grâce à son salaire à l’époque, il a pu épargner une somme d’argent pour nous acheter une télévision. Notre première surprise était de voir en direct des personnes et des héros dont on a souvent parlé à la radio. Certes, c’est une révolution en audio-visuel qui a effectivement tout changé et surtout la perception de la réalité chez les téléspectateurs.  Même si les émissions étaient en noir et blanc et avec des images qui n’étaient pas tout à fait nettes, tous les membres de ma famille avaient rendez-vous avec cette boite magique pour regarder les programmes qui allaient être diffusés pendant la soirée.

Chaque jour, les émissions  commençait avec une répétition de l’hymne nationale marocain, suivi de la lecture du Coran. Après ça, on présentait une série de programmes télévisés, qui commençait d’abord, par  une séance de dessins animés destinée aux enfants. Ensuite, une variété de la musique nationale et/ou internationale spécialement dédiée aux jeunes adultes. En outre, une séance d’informations sur l’actualité au Maroc et dans le monde, suivie d’un film pour enfin clôturer la soirée avec un dernier bulletin d'information de la journée sur l’actualité et sur les activités royales et gouvernementales.

Mon souvenir le plus lointain et qui m’a permis de prendre connaissance du caractère international de la télévision, est lié à cette série de desseins animés de « Tom Sawyer » et celle de la série américaine « La petite maison dans la prairie» ou encore le mode de vie de « la famille Dallas » qui vivait à la campagne. Un style de vie de « cow-boy » qui m’impressionnait beaucoup dans un monde tout à fait nouveau pour moi et qui se trouve au-delà de l’océan. J’avoue que je ne ratais jamais l’occasion de me pointer devant la télévision afin de poursuivre avec grande appétit ces deux séries.

La petite maison dans la prairie

Pour moi, la télévision était, et elle l’est toujours, une vraie fenêtre qui m’a permis de connaître d’autres cultures et de faire connaissance avec des héros dont leurs images sont restées gravées dans ma mémoire. Cette connaissance avec ces inconnus, aussi imaginaire soit-elle, m’a influencé à tel point que je n’hésitais pas d'imiter des héros dans les séries et ce, quand je sortais jouer dans la rue avec mes amis.

Avec internet c’est tout à fait une autre histoire et qui ne date pas de très loin. En effet, ce n’est qu’après le retour d’un ami à moi des USA en 1992 pour ses vacances d’été que j’ai réellement appris qu’il y avait internet et que dans le monde occidental, c’est devenu le moyen le plus utilisé dans tous les domaines de la vie en société.

Par curiosité, lui ai-je demandé de me montrer comment ça marchait. Nous étions allés dans l’un des cybers internet en plein centre de ma ville et qui commençaient de se répandre partout à travers le royaume. Devant un poste d’ordinateur, nous étions assis tous les deux et je regardais ce qu’il faisait sans l’interrompre. J’avoue qu’à ce moment là, j’étais étonné devant ces pages électroniques et ses images animées ou non. Payer ses factures via internet et envoyer des messages électroniques à ses amis dans l’autre monde (USA), m’étaient quelque chose d’incroyable à ce moment là. La rapidité dans l’envoi des messages et la consultation des informations m’avait surpris et ont fait surgir en moi à la fois, la curiosité d’apprendre plus sur ce média et le souhait de l’utiliser dans ma vie quotidienne. Ainsi, j’ai créé mon premier compte sur un site web français  appelé : « Caramail ».

En conclusion, et à mon avis, c’est ce caractère international ou « universel » des médias jouant un rôle déterminant dans le développement des sociétés, qui appuie l’idée que le monde est effectivement un « village global », «un village planétaire» comme l’affirme Marshall Macluhan.

Bibliographie :

Derôme, Bernard. 2002. « Préface. Une télévision à notre image ». in Beauchemin,
Jean-François et Gil Cimon. Ici Radio-Canada. 50 ans de télévision française. Montréal: Les éditions de l'homme, pp. 8-9. [En ligne]. URL : http://www.changements.com.ulaval.ca/module3/derome.php. Consulté le 26 septembre 2011.
YouTube. 2011. La petite maison dans la prairie,
[En ligne] URL : http://www.youtube.com/watch?v=E9YZzuhBLs4, consulté le 26 septembre 2011.
YouTube. 2011. 1955 - Retour du Sultan Mohammed V et Indépendance du Maroc,
[En ligne] URL : http://www.youtube.com/watch?v=FCBC-wzt2xY, consulté le 26 septembre 2011.
YouTube. 2011. Tom Sawyer – générique,
[En ligne] URL : http://www.youtube.com/watch?v=xbo-hFs6cI8&NR=1, consulté le 26 septembre 2011.

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